le système médical au Québec #HistoiresExpatriées


Aujourd’hui a lieu de nouveau les rendez-vous #HistoiresExpatriées. Si vous souhaitez un rappel du principe vous pouvez voir ma première participation cet été.
Cette fois-ci, la marraine du groupe est Ferdy pain d’épice. Elle vit elle-même au Canada, mais en Alberta. Vous verrez en lisant son texte qu’il y a des différences entre les provinces d’un même pays.
J'ai choisi de vous parler de deux choses : notre expérience perso avec tous nos bobos et d’un livre qui retrace le parcours d’un médecin au Québec depuis les années 70 jusqu’à nos jours.

Notre expérience personnelle avec le système médical québécois

Comme vous le savais déjà, nous sommes arrivés au Québec voilà maintenant un peu plus de 8 ans en tant que résidents permanents. La précision est importante car en fonction du visa obtenu, vous obtenez ou pas une carte de la RAMQ (la régie de l’assurance maladie du Québec). Véritable carte d’identité, elle est indispensable pour tous vos rendez-vous médicaux (hors dentistes et optométristes, ainsi que les soins dit paramédicaux comme l’ostéopathe, la physiothérapie, etc. pris en charge par certaines assurances privées). Grâce à cette carte, tous les rendez-vous sont gratuits. À ceux qui s’inquiétaient du système de santé ici, on n’avance jamais d’argent (sauf pour les spécialistes cités plus haut).
Cependant, le problème avec le système de santé au Québec, ce n’est pas tant son coût pour l'usager mais son fonctionnement. Lors de notre arrivée, nous avons participé à une semaine de formation pour les nouveaux arrivants. Cette semaine consistait à nous familiariser avec le système de l’entreprise essentiellement, mais lors d’une intervention, notre formatrice nous a clairement dit que le système de santé québécois étant digne d’un champ de bataille. Bref, rien de rassurant.

Et dans les faits?

Le gros stress ici c’est de se trouver un médecin de famille qui nous évitera de voir un nouveau médecin chaque fois que l’on va à la clinique sans rendez-vous. Pour cela, c’est vraiment un parcours très long et fastidieux. Nous avons, dans notre cas, plusieurs facteurs qui ont joués en notre faveur : la cardiopathie d’Océane et mon souci de thyroïde qui demande des suivis réguliers. C’est ainsi que 2 ans après on nous annonçait le Graal : un médecin de famille pour tout le monde, et qui par la suite a accepté de prendre Ulysse également en charge. Je précise ce fait car je connais des familles dont chaque membre a un médecin de famille différent. Bonjour le casse-tête!

Cette quête du médecin traitant est également utile pour prendre rendez-vous avec des spécialistes tel que le gynécologue, le dermatologue, les radiographies, les prises de sang etc.
À notre arrivée, nous avions également pris rendez-vous en cardiologie pour Océane qui doit être suivie annuellement. Il a fallu patienter 3 mois car notre cas ne relevait pas d’une urgence. Nous avions des références françaises qui nous ont permis d’obtenir un rendez-vous sans médecin traitant québécois. Nous avons choisi Sainte-Justine qui est l’un des deux hôpitaux pour enfants de l’île de Montréal. Les deux se valent à mon avis et ont une très bonne réputation.


La prise en charge d’Océane est parfaite. Le service de cardiologie est très bon. Cette année nous avons appris lors de notre visite annuelle que son cardiologue partait à la retraite. Nous avons été mis sur la liste d’un autre cardiologue du service sans aucun souci. On le rencontrera l’an prochain.

Pouvoir regarder des dessins-animés durant l'examen du radiologue: ça n'a pas de prix!

Côté bobos d’enfants et autres maux. 

Contrairement à ce que nous avons connu en France, ici les suivis médicaux sont moins présents, en dehors des deux premières années de vie. Les vaccins ne sont pas obligatoires, mais nécessaire pour l’entrée en garderie ou pour l’école. Après, on ne voit le médecin qu’en cas de maladie qui nécessite plus que 3 jours d’arrêt. Je ne vais par exemple plus chez le médecin pour une gastro, un rhume persistant ou encore une journée de fièvre. Ici, ils ne sont pas vraiment portés sur la prescription d’antibiotiques. À chaque fois que nous en avons eu, mon médecin vérifiait toujours depuis quand nous en avions absorbés, afin d’éviter les surdoses. La plupart des médicaments sont de toute façon disponibles en libre-service à la pharmacie, qui est un peu le deuxième référent médical ici au Québec. 
Par exemple, Océane se plaignait récemment de son oreille. En absence de fièvre, d’écoulement et de rougeurs, je suis allée voir le pharmacien qui m’a donné des gouttes que m’aurait prescris le médecin. J’ai par contre dû les payer plein tarifs car je n’avais pas d’ordonnance. Il m’a rappelé également qu’en cas de douleurs persistantes et autres symptômes, je devais consulter évidemment. Le lendemain, Océane ne se plaignait déjà plus de son oreille.

On se transforme donc en infirmier ici, voir médecin. La raison principale est celle que je vous évoquais au début de cet article : le fonctionnement. 

Pour voir notre médecin il faut prendre rendez-vous pratiquement un mois avant. Parfois son horaire permet un rendez-vous plus rapidement en cas de soucis urgent (surtout pour les enfants). Pour le gynécologue, si vous avez la chance d’en avoir un, c’est souvent entre 6 mois à 1 an d’attente. 

Cependant, je pense que ce soucis est très occidental (je ne suis pas assez spécialiste des autres régions du monde…) dans le sens où nous avons la chance d’habiter dans des pays où la médecine est encore accessible à une très grande majorité de personnes.
Je me rends compte qu’il y a beaucoup à dire sur le système médical québécois car en huit ans nous avons quand même testé différents services, tel que les urgences, la prise en charge pour la grossesse, les maladies infantiles, les blessures physiques et j’en passe. La médecine ici demande d’être plus pro-actif (comme au travail me soufflerait certains…). Si on n’insiste pas, si on ne grossit parfois pas certains faits…on n’obtient pas grand-chose et cela peut arriver à des situations plus catastrophiques telles que des prises en charge tardives pour des maladies plus graves. 

La plupart du temps, on sent une réticence à aller voir le médecin pour ce qui nous semble peu grave. Les heures d’attentes, l’administration lourde, le manque de compréhension de certains employeurs, font que beaucoup se néglige.

Une sentinelle sur le rempart. Parcours d’un médecin par Jean Lemieux


Cette deuxième partie rentre parfaitement dans la thématique de ce rendez-vous, je me suis dit que je pourrais donc parler de l’une de mes dernières lectures.
Les éditions Québec-Amérique m’ont fait parvenir il y a un mois, un exemplaire de cette autobiographie d’un médecin du Québec, Jean Lemieux. Écrivain et médecin depuis les années 80, le livre retrace son parcours depuis son enfance jusqu’à une retraite envisagée.
J’ai trouvé ce récit très intéressant car il n’est pas souvent donné de pouvoir suivre le parcours d’une vie d’omnipraticien au Québec. Celle-ci est vraiment peu romancée et je l’ai trouvée juste. Jean Lemieux met en avant les faiblesses et les désagréments du système de santé québécois. Les politiques en prennent pour leur grade, les gestionnaires, peu enclin à penser aux patients, aussi. C’est donc avec beaucoup de justesse qu’on le suit depuis les bancs de l’école vers sont internat puis sa pratique sur les îles de la Madeleine est on retour sur le continent.
La partie qui m’a le plus accrochée est celle qu’il retrace durant ses quelques années passées aux îles. Là-bas, la médecine est encore plus compliquée. Avoir accès à des médecins traitants, des spécialistes, est un combat régulier. L’isolement ne semble pas payer aux médecins, mais heureusement, certains choisissent de rester et de tenir le fort.
En alternant les temps passés et présents de sa vie, Jean Lemieux réussit à accrocher le lecteur sur son parcours. On devient familier avec son quotidien et vraiment empathique. À la lecture de ce livre, on se rend compte de l’immensité du travail qui reste à faire afin d’offrir de meilleurs services et de meilleurs outils pour les patients mais aussi le corps médical qui peine à travailler dans des conditions humaines.

Commentaires

Cécile a dit…
Oh je ne pensais pas que c'était aussi compliqué et long d'avoir un médecin traitant au Québec... Les délais me semblent bien plus rapides à Toronto.
L'autobiographie dont tu parles a l'air intéressante, je vais la rajouter à ma liste de livres !
Lexie a dit…
Nous avons été chanceux avec le système de santé ici, globalement. Le plus angoissant est d’en comprendre le fonctionnement. Nous nous sommes inscrits au départ dans une clinique privée pour enfants et la medecin qui suivait notre aînée exerçait aussi à titre de médecin de famille et elle nous a pris en charge également. Après deux ans sur la rive sud, j’ai fini par appeler le centre auprès duquel tu peux annuler ton affiliation à un médecin de famille. Nous n’avions pas déménagé assez loin géographiquement de notre médecin de famille pour pouvoir prétendre à être mis sur la liste d’attente sans perdre notre médecin de famille actuel, mais au téléphone on m’a répondu qq chose comme « oh si pourquoi pas ». Une nouvelle clinique avait ouvert à deux rues de chez nous et nous avons is été rattachés au même medecin au bout de trois mois. Ils ont un bon système de sans rdv, une prise de rdv possible en ligne mais quand c’est moi qui suis malade je vais au sans rdv de la gare. Comme je travaille à la place Ville Marie, je laisse mon numéro et ils m’appellent quand c’est mon tour, comme ça je ne manque pas le boulot pour rien !
M.C.O a dit…
Merci pour vos témoignages, on a tous effectivement une situation différente...et je suis sûr qu'en région ce doit être vraiment différent aussi...

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