Manikanetish au Théâtre Jean-Duceppe : une pièce riche en émotion(s)

 Du 8 mars au 8 avril, Le théâtre Jean-Duceppe à la Place des Arts de Montréal présente l’adaptation théâtrale du roman de l’autrice Innue Naomi Fontaine, Manikanetish.

 

Cette adaptation bénéficie des conseils de l’autrice elle-même, ainsi que de la présence de jeunes issu.e.s des nations Innus et Mi’kmaq qui ont été sélectionnés en audition l’été passé. N’ayant pas encore lu le roman du même titre, j’avais très envie de découvrir la pièce qui me semblait riche dans la diversité et dans les symboles qu’elle véhicule.

 

Crédit photo: Danny Taillon

Résumé de la pièce

Yammie a quitté la réserve innue alors qu’elle n’était qu’une enfant. Des années plus tard, elle y retourne en tant qu’enseignante de français, espérant retrouver ses racines. Or, les choses ont changé. Ou est-ce elle qui a changé? Aux côtés de ses élèves adolescent·e·s, presque adultes, elle découvrira le Nutshimit, « l’intérieur des terres » en langue innue, et apprendra la différence entre enseigner et transmettre.

Dans ces voix, ces regards et ces paysages du Nord se dessinent la lutte et la tragédie, mais, surtout, la détermination, la beauté et la solidarité.

 

Crédit photo: Danny Taillon

Mon avis

Je ne passerais pas dix ans à vous convaincre de courir voir cette pièce, je n’utiliserais pas de grande métaphore ou de grands mots, ils dénatureraient la beauté de ce qui se joue sur scène.

Nous avons ici un produit brut qui nous touche au plus profond de notre être. Une pièce qui ne peut laisser personne indifférent. Et même si parfois le jeu peut sembler hésitant, un peu jeune, cela ajoute encore plus à la vérité crue qui se dégage de cette représentation.

Comment rester insensible face à ces jeunes qui ne semble croire en rien mais qui finalement se révèlent être des diamants bruts qui ne demandent qu’à s’épanouir avec leur environnement.

Comment ne pas se laisser toucher par Yammie, qui tente désespérément de retrouver une place parmi celles et ceux qu’elle considère comme les siens. Comment retrouver son intégrité, ses valeurs, tout en offrant aussi de nouvelles perspectives.

Comment, en effet, ne pas sortir de cette représentation sans y penser des jours plus tard.

Cette pièce mérite une tournée dans tout le Québec et ailleurs. Cette pièce est porteur d’espoir, de bienveillance, de douceur mais également de combats qui ne doivent pas s’arrêter.

 

Crédit photo: Danny Taillon

«Je pense qu'il faut vraiment voir le français comme un outil. Et je peux très bien être enseignante de français, puis être très fière d'être Innue et enseigner le français comme une Innue. Il y a tout ce travail là aussi, de me décoloniser, de décoloniser mon esprit.»

— Naomi Fontaine

 

Bravo pour ce travail mené de concert avec Naomi Fontaine, la dramaturge Julie-Anne Ranger-Beauregard et le metteur en scène Jean-Simon Traversy.

Pour toutes les informations concernant le spectacle (dates, horaires te prix), je vous invite à consulter le site du théâtre Jean-Duceppe.

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