Rose et la machine au théâtre Duceppe : dans les méandres administratifs des services publiques

 C’est une toute nouvelle création théâtrale qui se joue actuellement sur la scène du théâtre Duceppe. La pièce est écrite par Maude Laurendeau, mise en scène par Édith Patenaude et interprétée par Julie Le Breton et Maude Laurendeau. Elle est à découvrir au plus vite avant le 18 décembre.

Porte Parole, la compagnie de théâtre documentaire montréalaise, soutient et produit ce projet qu’ils ont aidé à mettre en place et à diffuser auprès du grand public. Il aura fallu 2 ans et une pandémie pour qu’enfin le projet puisse exister.

Voilà en quelques mots, la trame de l’histoire qui nous est présentée : Il y a quelques années, Maude tombe enceinte et c’est une belle aventure qui commence pour elle et son conjoint. Mais un jour, le monde de sa petite famille s’écroule et c’est le début d’un parcours semé d’embuches qu’ils devront relever. Leur petite Rose a été diagnostiquée avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) et chaque spécialiste semblent se renvoyer la balle entre la prise en charge ou pour répondre aux nombreuses questions qui apparaissent.

Maude Laurendeau interprète ici son propre rôle dans son histoire personnelle qu’elle nous livre durant près de 2 heures sans interruption. Face à elle, sa belle-sœur, Julie Le Breton, donne la parole à la quarantaine de personnages qui vont intervenir dans la vie de Maude et Rose. Évoluant dans un décor qui nous rappelle les aires de jeux d’enfants, parfois trop grands ou parfois trop étriqués, elles se font face, s’interpellent, s’opposent autour d’un sujet récurent : la prise en charge des personnes dites « différentes ».

 

Crédit photo: Dany Taillon

 

La question de la différence, de la neurodiversité est au cœur de la pièce. Qui est différent? D’où vient ce regard sur la différence? Pourquoi nos sociétés nous obligent à créer encore plus de cases pour y loger les différences qui peuplent notre monde et qui en font un lieu aussi unique? Pourquoi, dans une société occidentale et riche, est-ce si difficile de soutenir toutes ces particularités?

Cette pièce ne vous laissera pas indifférent. De nombreuses personnes sont confronter aux méandres de l’administration des services publiques. Renvoyé d’un côté, comme de l’autre, il est souvent difficile de se faire entendre et comprendre. Comme on le souligne si bien dans la pièce, on doit aller à la pêche aux informations et la plupart du temps on est complètement démunis face à toutes les lourdeurs administratives. Souvent les gens sont forcés de se tourner vers le privé, comme la famille de Maude, au début de la prise en charge.

Maude a ainsi dû mettre de côté sa carrière durant plusieurs années afin d’accompagner sa fille au mieux, avec souvent Internet pour seul soutien. La justesse de son parcours, le travail incroyable de Julie Le Breton dans son interprétation multiple des différents intervenants, sont tout simplement remarquable. Il n’y a aucun temps mort et on sort de là presque essoufflé, et envahi par des émotions diverses. Tristesse, colère, incrédulité en font partie. Mais il y a en plus un sentiment qui pointe lors des applaudissements et des rappels, c’est que quelque part, ce texte raisonnera et pourra devenir un porte-parole pour toutes les personnes qui sont rejetées du système et qui ont besoin encore de croire que tout n’est pas fini. Pour tous ces enfants et ces personnes qui ne rentrent pas dans les bonnes cases de notre société ce texte raisonnera très fort.

Crédit photo: Dany Taillon

Rose et la machine soulève certes des questions éthiques et morales, mais elle soulève également des envies de rébellion face à un système qui n’a plus lieu d’être.

Vous l’aurez compris, je vous encourage fortement à assister à l’une des dernières représentations. Comme souvent, pour cette pièce, je vous conseille d’y emmener vos adolescents, le sujet est parfait pour eux.

Pour plus de renseignements sur les horaires et les tarifs, veuillez vous diriger vers la page de la billetterie du théâtre Duceppe.