Sortie cinéma: Les fleurs oubliées... C'est le temps de faire garder les petits!



Par notre collaboratrice culture: Zdravka

Pour son 15ème long métrage, André Forcier nous invite à découvrir un éden montréalais fantastique à la manière d’une fable naturaliste... au fond pas si fantaisiste.
L’histoire est celle d’Albert Payette (Roy Dupuis), un ancien agronome reconvertit en apiculteur défenseur de la flore endémique québécoise : les fleurs oubliées. L’hydromel qu’il vend grâce à l’aide de son neveu Jerry (Émile Schneider) aux hilarantes « bourgeoises de la rive sud » lui permet de mettre en place son rêve ultime : produire « l’hydromel le plus septentrional du monde ». De fait, les sublimes images des paysages de Minganie donnent effectivement une part de concret au rêve du cinéaste.

Crédit photo: Pierre Dury
Dans cette fable moderne, le frère Marie-Victorin, éminent botaniste du siècle dernier, décide de revenir sur terre, pour encourager Albert Payette et s’occuper des champs transgéniques à sa façon. Surviennent également dans la vie de l’apiculteur une journaliste (Juliette Gosselin) et une avocate (Christine Beaulieu), toutes deux archétypes du féminin responsable et terre-à-terre. Leur lien au monde contemporain expose les dérives d’une société ultra capitaliste qui détruit l’environnement, exploite les immigrants et met en danger la vie. Tantôt dépeint avec humour, cynisme ou la plus complète des dérisions autour de sujets graves, le spectateur qui s’attend au dénouement heureux des fables, reste cependant constamment surpris par l’interaction des personnages entre eux. Quand la magie des champs de fleurs lumineuses rivalise avec l’artificialité de la banlieue américaine idéalisée des standards de publicités; ce sont pourtant les squats de punks environnementalistes qui militent pour une agriculture urbaine et le dumpster diving qui sont proposés comme solution de résistance urbaine. Ces clins d’œil hétéroclites non dénués d’exagération et leur traitement m’ont fait penser au cinéma d’Émir Kusturica dont le surréel côtoie le labeur quotidien.


Crédit photo: Pierre Dury
Les fleurs oubliées reste cependant marqué par son réalisateur, qui signe ici une comédie joyeuse et farfelue reposant sur des sujets brûlants d’actualité avec un décalage salutaire dont la sortie tombe point en cette période électorale !
À voir absolument pour un regain de confiance dans la part fantastiquement humaine des personnes engagées pour l’environnement.

Les fleurs oubliées, André Forcier, 2019

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