Combien d'enfants avez-vous?




Parfois, il y a des choses qui nous restent coincées en travers de la gorge…Dans certains cas, c’est plus douloureux, on a du mal à passer à autre chose.  Mais la plupart du temps, c’est juste un peu long à passer. Le temps fini par faire son travail et nous laisser un peu de répit.

Depuis 18 mois maintenant, LA question qui me rentre dedans, celle qui me fait un gros nœud dans la gorge, est une simple question habituelle pour les parents : Combien d’enfants avez-vous?

C’est souvent par des questions simples que peuvent venir les réponses compliquées. Surtout après avoir subi une IMG (interruption médicale de grossesse), après avoir supporté un deuil d’enfant que finalement personne, à part nous, n’a connu. 

Quand, même ton entourage proche fait tout pour effacer cette épreuve, cette question te rentre dedans assez violemment. La plupart du temps, (oui on me la pose souvent cette question) j’ai tendance à répondre par un chiffre simple et qui ne demande pas plus d’explications : J’ai deux enfants… Et au fond de moi une voix se réveille et hurle : Mais non tu en as eu trois, dis-lui!

Mais non je ne dis rien, j’étouffe cette voix-là, et je me concentre pour faire un beau sourire. Dernièrement, on m’a fait remarquer que j’avais eu le duo parfait : une fille / un garçon et que c’était super d’avoir eu le couple… Dans ces moments-là, je fuis, j’élude la remarque, je me réfugie ailleurs et je pense à mon autre fille. 

C’est compliqué d’amener dans une conversation anodine un décès d’enfant. C’est compliqué et violent comme concept pour la personne inconnue qui pensait bien faire en entamant la conversation. Cela me fait prendre conscience que je ne peux pas arriver avec mes gros sabots et donner cette information à tout le monde… La mort est encore tellement taboue dans nos sociétés. Et le décès d’un enfant qui n’a pas vécu en dehors du ventre maternel, encore plus.

 Mais malgré tout cela, malgré la raison, mon cœur se sert toujours un peu plus. C’est un peu comme si je devais lutter pour ne pas l’oublier au travers de ces réponses « plus faciles » que je donne.

Je me dis que même si mon deuil est fait, que je vais mieux et que ma thérapie porte maintenant sur d’autres morceaux de ma vie, le trou est là et restera là pour toujours. C’est comme ça, je ne cherche même pas à le combler, même si j’ai failli, même si j’ai voulu le faire. 

Je dois simplement vivre avec, comme je vis avec mes autres blessures. Après tout, cela me permet aussi de me rendre compte des instants passés avec mes enfants présents, même si pour le moment je ne suis pas très sympa, même si je m’énerve trop vite et même si je dis trop souvent qu’ils me saoulent. Ils sont là, présents dans ma vie. Ils la nourrissent et me permettent de rester encore présente, ici, avec eux.

Sans eux, je pense que je ne serais plus, tout simplement. Et c’est pour eux, que je souhaite être plus que seulement une maman…car la maman que je suis devenue depuis 18 mois n’est plus celle d’avant. 

Combien d’enfants avez-vous?
J’ai eu 3 enfants, mais je n’en élève que deux… Merci à toi pour cette réponse. Merci cher partenaire de vie.

Merci à toi aussi Julie Lacombe-Deschandol pour cette séance thérapeutique il y a un an...

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